dimanche 28 mars 2021

vacsaint glin glin

 

Les vaccins contre le/la covid-19 représentent un espoir de mettre fin à la pandémie provoquée par le Sars-cov-2. En Belgique, il y a un consensus à ce sujet partagé par tous les gouvernements : le fédéral, les 3 régions et les 3 communautés. Mais le/la diable se cache souvent dans les détails …

Pour commencer, les 27 pays de l’Union se sont entendus pour des achats groupés de vaccins, afin d’obtenir de meilleurs prix. L’Union a donc signé des contrats avec trois fournisseurs : Pfizer/Biotech, Moderna et Astra/Zeneca. Les contrats sont honorés … ou pas et les États membres reçoivent leur quote-part. Souvent avec retards. La Belgique répartit les vaccins reçus entre les différentes régions ; ce sont elles qui doivent organiser la campagne de vaccinations pour leurs citoyen-ne-s, en mettant en place les postes de vaccination et en établissant l’ordre de passage.

Pour la première phase, les régions sont d’accord, on va vacciner dans les homes de personnes âgé-e-s, car ce sont ces homes qui ont été décimés par la première vague. Et aussi parce que les candidat-e-s au vaccin sont regroupés, il suffit de déplacer les équipes dans les différents homes chacun-e à son tour. La deuxième phase concerne le/la personnel-le hospitalier/ère, c’est facile, ils/elles ont tout sur place, savoir et matériel.La troisième phase concerne les personnes âgé-e-s, mais pour ceux/celles qui ne sont ni en home ni en hôpital, il va falloir les convoquer.

Mais d’abord, c’est quoi une personne âgée ? Ça dépend …
- En région flamande c’est quelqu’un-e de plus de 85 ans ;
- En région wallonne, c’est plus de 65 ans ;
- En région bruxelloise, on est au milieu, c’est donc plus de 75 ans.

Disons que ma mère a 96 ans, peu importe donc la Région. Moi j’en ai 75 heureusement j’habite Bruxelles mais ma femme en a 66 elle devra donc attendre. Restons à Bruxelles, on a ouvert à toute allure un palais du Heysel près de l’Atomium pour y installer un centre de vaccination géant. Pour accélérer le processus, un illuminé a eu l’idée de co(n)vi(d)er les vieux/vieilles par e-mail et/ou SMS pour qu’ils prennent rendez-vous … sur Internet.

Génial ! Ou pas ...

Ma mère a bien une adresse e-mail, mais elle est inconnue de Big Brother. Idem pour son numéro de GSM. D’ailleurs, elle ne lit jamais son courriel et ne sait pas comment ouvrir les messages sur son téléphone portable. Et quand bien même l’invitation lui arriverait, le formulaire de rendez-vous est inaccessible à un-e natif/ve du début du siècle dernier. Elle n’est visiblement pas la seule dans ce cas. Résultat (prévisible) : les premiers jours les centres de vaccination restent vides, à Bruxelles et en Wallonie en tous cas. On se résout alors à envoyer les invitations par la poste, avec retard, car au XXIe siècle le courrier met plusieurs jours à arriver.


Maman a donc fini par recevoir un courrier papier lui recommandant d’aller sur le site Internet https://coronavirus.brussels/rendez-vous-vaccination-covid/, de taper son code xxxx.xxxx.xxxx.xxxx, de choisir son centre de vaccination et de définir le jour J et l’heure H. Elle m’a donc appelé pour que je l’aide dans ces démarches. - je viendrai chez toinon, maman, je vais le faire sur ton ordinateurah ça marche aussi sur mon ordinateur. Oui, c’est moi qui l’ai installé, donc ça fonctionne. En plus, je suis technicien informatique, je suis sur Internet depuis 30 ans, ce sera facile !

Ou pas … !

h t t p s deux points barre barre etcétéra. Nous voilà sur le site en question. « Entrez ici le code de vaccination ». OK.  xxxx.xxxx.xxxx.xxxx enter … « Ce code n’est pas reconnu par le système recommencez» On vérifie tous les 2 et on recommence v4z5.8ghZ.etc9. En prenant soin de respecter les minuscules majuscules les chiffres et les points. « Ce code n’est pas reconnu par le système recommencez». Il y a un numéro de téléphone sur le papier pour « aider ». « Pour continuer en français taper sur 2 » « Pour changer votre rendez-vous taper sur 3 suivi du carré » « Pour prendre rendez-vous tapez sur 4 » « Pour péter les plombs tapez sur le/la webmaster/tress ». 4

Une voix plutôt accorte nous répond « comment puis-je vous aider ? » Le système ne reconnaît pas le code … « Vous avez bien tapé les points » Oui, bien sûr, on apprend ça dès la maternelle maintenant. « Eh bien, il faut pas, enlevez les points ça va marcher » Visiblement elle est fatiguée de répéter ça pour la 73è fois de la journée, elle aussi a envie de choisir l’option « taper sur le webmaster ».

Retour à l’ordinateur, tout va rouler maintenant …

Ou pas.

Le code sans points passe, en effet. « Quel est votre médecin ? » Heureusement, ma mère en a un, disons qu’il s’appelle André François, il y a une liste déroulante et nous choisissons André Franݲois, qui s’en rapproche le plus. Nous pouvons maintenant choisir le centre de vaccination dans une liste de 12 … dont certains ne sont pas encore ouverts. Il y en a même un pour lequel la date d’ouverture n’est pas encore fixée – je l’apprendrai plus tard. « Attention, quand vous choisissez un centre, vous ne pouvez plus changer ». Donc, si je choisis (sans le savoir) ce centre là, je suis mort ou en tout cas, pas protégé.

On choisit le centre le plus proche, WSL, et le calendrier s’ouvre sur la date du jour « pas de rendez-vous disponible à cette date » Et c’est disponible quand ? « démerdez-vous, cherchez ». On fait donc défiler tout le mois de mars, pour finalement arriver le 7 avril où il y a des créneaux libres. Par contre, pour le rappel, là ils nous proposent directement une date « libre ». Par la même occasion, on apprend que Maman sera vaccinée avec le Comirnaty (le petit nom de Pfizer-Biontech).

À suivre le 7 avril

lundi 24 août 2020

Ariane et la ramoneuse

En hommage à Ariane Le Fort, à son talent de conteuse et à son ouïe affûtée

Du temps où j’étais père célibataire, nous vivions à trois sous les toits, ma fille de 10 ans, la chatte Jeanne et moi. Faute d’accès au jardin 3 étages plus bas, la chatte noire avait fait des gouttières et des toits du quartier son domaine privé, car aucun autre chat n’y accédait. Par contre, si l’opportunité s’en présentait sous forme d’une tabatière ouverte, elle n’hésitait pas à s’introduire dans les maisons voisines, mais toujours elle revenait.

Un matin, lors de la cérémonie de nourrissage, la chatte ne se présenta pas à la cuisine. Par la fenêtre ouverte, nous appelons “Jeanne, viens manger” mais seuls le chant des oiseaux et des autobus nous répond. Nous fouillons l’appartement puis la cage d’escalier puis, faute de temps, nous abandonnons la recherche pour partir qui à l’école primaire, qui à son travail.

Dans la rue, avant de monter en voiture, nous jetons un œil à tout hasard en appelant doucement notre félin favori. Apparaît alors sur le seuil de sa maison notre voisine Ariane Lefort (l’écrivaine) qui s’enquiert de notre quête. « Notre chatte a disparu » l’informons-nous. « Comme c’est curieux, dit-elle, j’ai précisément rêvé de chat, j’ai même cru entendre un miaulement ». Et moi, « où se trouve votre chambre ? ». « Au premier étage, de votre côté ».

Guidé par la romancière, nous sommes monté dans la chambre en question. En face du lit, il y avait une cheminée en marbre, condamnée, car le chauffage central avait rendue inutile l’accès au conduit. Le conduit lui-même était recouvert d’une plaque de frigolite de son vrai nom polystyrène expansé (inutile au scrabble car il faut deux « y »), sans doute prévu pour interdire l’intrusion de Saint-Nicolas ou de cambrioleurs amaigris.

Je me suis approché de la paroi et j’ai interrogé « Jeanne ? ». Elle a simplement répondu « Miaou » à travers la frigolite. Rien de désespéré dans son cri, juste une information « Je suis ici, en effet ». Pour la délivrer, nous n’avons eu aucun mal à arracher la fragile plaque, jusqu’à découvrir notre Jeanne noire de suie – en réalité un peu plus grise qu’au naturel – et apparemment en bonne santé malgré une chute de plus de 10 mètres. Elle a pris son air le plus noble, dressant la queue avec dédain « Enfin, j’ai failli attendre » et s’est laissé emporter pour retrouver son foyer.



Foyer, le mot n’est pas le plus adapté aux circonstances car, par chance, elle avait bondi et était tombée dans un conduit de cheminée heureusement dépourvu de … foyer.